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Les Émirats arabes unis ont été particulièrement touchés par la chaleur étouffante cette année, enregistrant une température de 51,8 °C en juin. Pire encore, Dubaï ne reçoit que 10,16 cm de pluie par an, rendant les étés caniculaires et l’agriculture presque impossible (le pays importe plus de 80 % de ses denrées alimentaires). Alors que la population tente de rester un maximum à l’intérieur, au frais et hydratés, les experts du Centre de météorologie émirati ont développé une nouvelle technologie qui peut faire toute la différence : l’utilisation de drones pour forcer les précipitations à l’aide de faisceaux laser.

Cette technologie s’appelle l’ensemencement des nuages, et elle existe sous diverses formes depuis plusieurs décennies. L’ajout de certaines substances ou produits chimiques, comme l’iodure d’argent, aux nuages existants peut provoquer de la pluie ou de la neige.

Étant donné que les produits utilisés pour ces missions de modification du temps vont littéralement pleuvoir sur les populations, les cultures et l’eau potable, l’ensemencement des nuages suscite d’importantes préoccupations en matière de sécurité. Certains craignent que les particules accumulées ne s’attardent et finissent par se révéler cancérigènes pour les humains ou nocives pour l’environnement.

Au fil des ans, les Émirats arabes unis ont investi plus de 15 millions de dollars dans neuf projets d’amélioration de la pluviométrie, dont huit ont recours à des méthodes traditionnelles d’ensemencement des nuages. Cependant, le pays adopte désormais une approche différente. Plutôt que de disperser les particules comme le fait l’ensemencement traditionnel des nuages, le Centre de météorologie émirati utilise des drones pour modifier la structure des nuages. Ces drones sont conçus pour cibler certains nuages et utilisent des décharges électriques, via des lasers concentrés, pour rassembler de force les gouttelettes d’eau dans l’air, déclenchant ainsi des précipitations. À l’aide d’une forme d’aiguillon électrique, Dubaï réussit ainsi à « électrocuter » l’air pour le transformer en pluie, comme le montrent plusieurs vidéos publiées sur Instagram.

La question est de savoir si le reste du monde suivra l’exemple émirati. La forme traditionnelle d’ensemencement des nuages est déjà utilisée aux États-Unis par huit États de l’Ouest, notamment dans le bassin supérieur du fleuve Colorado. Des entreprises comme Weather Modification Inc. revendiquent leur expertise dans l’utilisation de l’iodure d’argent pour déclencher des précipitations et des chutes de neige plus importantes. Jusqu’à récemment, et même actuellement dans une certaine mesure, il était difficile de déterminer l’efficacité de ces projets.

Si une flotte de drones peut lutter contre les sécheresses de manière viable et rentable, il serait insensé de minimiser et d’écarter les avantages d’une telle technologie sur l’environnement. Cela étant, de tels avantages ne sont pas une raison pour tout miser sur une technologie aussi puissante. Certains experts craignent que le processus ne déclenche par inadvertance des inondations. Si la modification du temps résulte d’une tentative de forcer un jour de neige, une discussion sur la privatisation des drones serait alors justifiée.

La sécurité en eau est une priorité pour tous les pays. Sans eau, il n’y a pas de vie, pas d’agriculture, et pas de pays. Des guerres ont été et sont encore menées pour accéder à l’eau. La Corne de l’Afrique est en ébullition au sujet du barrage de la Renaissance en Éthiopie et du contrôle du Nil, un fleuve qui a apporté à la fois prospérité et conflit à la région depuis des millénaires. L’Égypte et le Soudan menacent de déclarer la guerre à l’Éthiopie, car le barrage risque de priver d’eau les pays situés en aval, bien qu’ils aient jusqu’à présent exprimé l’espoir d’une solution « diplomatique préventive » pour éviter un véritable conflit. L’escalade ou l’apaisement des tensions dépendra largement de la pression internationale.

Dans le golfe Persique, la chaleur a déclenché une grave sécheresse dans la région du Khouzistan, au sud-ouest de l’Iran, et le gouvernement a violemment réprimé les manifestations. Si l’ensemencement des nuages se généralise, il est facile d’imaginer que les autorités iraniennes, ou tout autre pays, utilisent la modification des conditions météorologiques contre l’opposition, ou pour accuser les efforts d’ensemencement d’un pays voisin d’être à l’origine des problèmes météorologiques nationaux.

Un pays en pleine sécheresse déclenchant des précipitations au détriment de ses voisins prend sans doute ce qui ne lui appartient pas. Le droit en matière de « ressources » de pluie non encore tombée sera délicat, aucune norme internationale ne réglemente directement la question. Les implications géopolitiques deviendront plus préoccupantes, car les appels à la restitution des ressources risqueront de s’intensifier. Si le contrôle de la météo est un luxe pour les puissants et les riches, l’accès à l’eau pourrait devenir un outil de pression ou de déclencheur de conflit. Une convention de l’ONU vieille de 40 ans interdit « l’utilisation hostile de techniques de modification de l’environnement ». En outre, un pays cherchant à infliger une saison sèche sans fin à ses adversaires suscitera à n’en pas douter un tollé international.

Quoiqu’il en soit, le règlement des revendications et des conflits relatifs à la pluie « volée » constituera une nouvelle forme de litige problématique pour le monde, surtout si les étés continuent de rester si chauds.

Source : forbes.fr

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